Figuier Marseille

Bétyle : un nom comme un manifeste. Du hébreu « Beth-El » (« demeure divine ») aux pierres votives grecques, il conte l’attachement à l’histoire, à la mémoire. Une philosophie fondatrice pour Bétyle Studio. Créé cette année par Nicolas Cazenave de la Roche et Carla Romano, le cabinet d’architecture d’intérieur s’attache à rejouer l’histoire du lieu via une narration sensible, mais avec toujours, une vibration nouvelle.

Plutôt qu’un style, Carla et Nicolas cultivent une méthode, s’attachant pour chaque projet à ce que le site a vécu hier, ce qu’il murmure aujourd’hui, et ce qu’il peut raconter demain. Illustration avec Figuier, leur première réalisation marseillaise : une ancienne dépendance agricole de 1820 métamorphosée sans renier son passé.

Leur premier défi : transformer le lieu sans fragiliser la structure. Ils imaginent alors un squelette intérieur, meuble architectonique central tenu à distance du plafond. Au cœur de ce volume creux se nichent une chambre d’amis et un bureau aux accents ruraux réinterprétés. Des clins d’œil agricoles se glissent ça et là : anciens crochets agricoles réemployés et scellés dans les angles, meuble de salle de bains évoquant une mangeoire, un sol en grès cérame, typique des tomettes marseillaises patinées…

Chaque pièce qui habille l’écrin est unique. Le mobilier et la décoration, presque exclusivement chinés chez Memori Studio (tables de chevet à jupe, lampe de bureau des années 1930 à franges de soie, bol Enzo Mari et bureau en inox et verre) cohabitent avec des créations dessinées sur mesure par Carla et Nicolas, comme une lampe en tissu recouverte de résine. En fil conducteur, le bois d’okoumé au modernisme feutré et les pavés de verre sablés orchestrent la lumière et signent l’identité du lieu.